Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Journal de bord d'un après-tsunami

Journal de bord d'un après-tsunami
Publicité
Pages
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 1 341
7 décembre 2012

Keekoku = Alerte

Ok, je ne sais pas si vous avez vu aux infos, mais le tremblement de terre magnitude 7.3, c'était pour notre pomme. L'alerte tsunami aussi. Personnellement, j'étais dans la chambre, en train d'essayer de trouver mes mitaines, quand ça a commencé à secouer. T'attends debout que ça passe. Puis ça paraît un peu long, et un peu fort aussi, alors je me suis réfugié dans l'encadrement d'une porte, juste au cas où. Avec un appel vers la cuisine "I'm okaaaaay!". Et là, venu de l'étage supérieur, J. le président de l'assoc', qui crie "Everybody, get out of the house now!" Et là tu cours juste vers la porte d'entrée en choppant ta veste et tes bottes au passage. Dans le jardin, on a commencé à s'organiser. Y., K., T. et moi dans la voiture verte pendant que les organisateurs essayent de joindre les autres en nous suivant avec une autre voiture. Et en route vers la montagne. Y. a coupé à travers champ pour rejoindre au plus vite le pied de la colline mais au bout, comme les centaines de voitures devant et derrière nous, on s'est retrouvé bloqué dans les embouteillages. A ce niveau on avait déjà atteint des terres qui n'avaient pas été touchées par la vague de 2011, donc déjà en sécurité. Au passage, la radio tournait en boucle sur des messages annonçant un tsunami d'un mètre. Ce qui n'est pas énorme mais devrait suffire à peut-être inonder des maisons situées sur les bords de plages non protégées par des digues. Et on a attendu 2 heures dans la voiture. Plusieurs alarmes ont retenti à intervalles réguliers pour rappeler aux personnes que la situation n'était pas encore revenue à la normale et que tout le monde devait rester en sécurité. En attendant on recevait des messages des organisateurs de l'assoc' nous disant de rester en sécurité tant que les trois vagues de tsunami (car il y en a toujours plusieurs), n'étaient pas passées.

Finalement, on est rentrés. Le tremblement de terre n'a rien fait bouger dans la maison, même pas de vaisselle cassée. Des personnes ont été blessées dans les environs, certains parce qu'ils sont tombés en fuyant. Chose étonnante, le courant n'a pas été coupé, alors que le tremblement était assez fort. Bref, tout est rentré dans l'ordre. En tant que journaliste, j'essaie de contacter différentes rédactions pour donner des infos. Notamment, on a appris que ce tremblement de terre est une réplique de celui de mars 2011.

 

Publicité
Publicité
6 décembre 2012

Cliché n°4 : les toilettes

2012-12-02 13   2012-12-02 13   2012-12-02 13   2012-12-02 13

J'aurais pu parler de ce sujet brûlant plus tôt, mais jusqu'à il y a quelques jours, je n'avais pas croisé de réelles toilettes japonaises devant lesquelles tu te tiens et tu te dis juste "Okééé, concrètement, la chasse d'eau, c'est où?". Et le comble, c'est que ça m'est arrivé dans un restaurant de type américain. Bref.

Les toilettes au Japon ont sûrement été conçues par des ingénieurs de la Nasa. La moyenne est de trois boutons par toilettes et oui, dans les maisons aussi. Tu as donc cette petite télécommande sur le côté qui te permet d'envoyer un jet d'eau pour te nettoyer l'extrémité après coup, tu as aussi un bouton qui doit sécher (je crois) et des fois un petit spray désodorisant ou quelque chose dans le genre. Oui je n'ai pas essayé et non, je ne le ferai pas. Et la chasse d'eau est facile à trouver, c'est comme chez nous. Donc là on a le minimum vital.

Mais pour la suite, tu en viens à redouter d'entrer dans de nouvelles toilettes. Car souvent, les boutons changent, les options aussi. Donc ça m'est arrivé de m'asseoir sur un siège préchauffé. Ou alors, quand tu tires la chasse, une petite fontaine sur la chasse d'eau se déclenche pour la remplir, et tu peux boire au passage. T'as aussi les options "p'tain pas con", avec le bruit des vagues qui se déclenche dès que tu rentres dans un toilette public pour couvrir le bruit de ton pipi. Ou de la musique. Ou un faux bruit de chasse d'eau qui se tire. T'as du parfum, les toilettes qui nettoient le siège toutes seules, un siège supplémentaire pour ranger (oui, c'est le mot) ton gamin pendant que tu fais pipi à côté. Bref, c'est magique. Et des fois, comme ça m'est arrivé l'autre jour, la chasse d'eau est à trouver parmi les boutons. Genre "vas-y, devine, que j'me marre". Tu étudies la chose pendant une demi-heure, car si tu te trompes, ça peut avoir des conséquences. Heureusement, je sais reconnaître les kanji "petit" et "gros" imprimés sur des boutons un peu à part. Ca me paraissait plutôt logique que ça corresponde à la chasse d'eau. J'ai tenté. Gagné. (Oui, je sais que t'es déçu, ç'aurait pu être drôle).

 

3 décembre 2012

Byouin = hôpital

L'autre jour, après une énième matinée à mettre des coquilles Saint-Jacques, on a décidé d'être des grands malades et d'aller visiter l'hôpital à Ogatsu, déserté après le tsunami.
Bon, on a pu voir dans mes postes précédents que mon imagination me fait tout de suite penser à des scènes de films d'horreur donc proposer une exploration d'un hôpital où il y a eu des morts n'était peut-être pas la plus brillante de mes idées. Mais vu que je ne suis pas très maline, on y est allés quand même. Une fois la voiture à moitié cachée dans la cour arrière, on a pu entrer par... bon il y avait à peu près des ouvertures partout, l'ensemble étant dans un sale état.

Je fais juste une petite parenthèse pour vous expliquer comment marchent les explorations de lieux abandonnés. Techniquement, on n’a pas spécialement le droit. Il y a des endroits qui te le font clairement comprendre en mettant des barrières un peu partout et des grands points d'exclamations pour prévenir que l'endroit est instable, donc dangereux. Dans d'autres endroits, comme l'hôpital, il y a une simple corde devant l'entrée que tu peux facilement franchir, ce qui veux dire que l'ensemble ne va pas te tomber sur le coin du nez, mais si jamais c'est le cas tant pis pour ta poire. Si jamais tu te fais prendre, on ne te dira rien de spécial, sauf de sortir peut-être, l'exploration est assez courante et tolérée tant que tu respectes les lieux.

On est entrés donc. Je tiens d'ailleurs à souligner que A. et K., les deux garçons qui m'accompagnaient, me laissaient allégrement passer devant, bande de mecs de mes deux. L'hôpital est situé juste à côté de la mer. Il a 3 étages plus un rez-de-chaussée. L'eau a dépassé le toit. D'après mes sources, seulement quatre personnes ont survécu (ça je viens juste de le vérifier sur internet, je le savais pas à ce moment). Les lieux sont donc ravagés. Au rez-de-chaussée on a les salles d'examens, avec les scanners notamment, recouverts de boue et de poussière. Et des gouffres dans le sol signalés tant bien que mal. (P'tite pause: Maman, Papa, avant que vous paniquiez, je vous rappelle que j'ai jamais osé grimper dans un arbre, que j'ai pas voulu faire un toboggan aquatique avant mes dix ans, et on va pas parler du vélo sans les roulettes, donc si ça avait été réellement dangereux, j'y serais pas allé). C'est là que j'ai eu la plus belle frousse, avec une porte donnant sur un cagibi où il y a toute la grosse tuyauterie. Un gros tuyau avait la forme de quelqu'un assis et j'ai fait un bon de deux mètres. Yeah me. C'est aussi au rez-de-chaussée que les garçons ont trouvé vachement rigolo de se planquer derrière un mur pour me faire peur. Mais quand je les ai prévenu que mon premier réflexe quand j'ai peur c'est de frapper très fort, ils ont changé d'avis et sont sortis.

Premier étage, les salles des infirmières, je crois. Des portes anti-incendie totalement défoncées, un ascenseur entre deux étages, plus une seule fenêtre nulle part et des fils pendant du plafond. Un couloir aussi où une partie du mur manque et où tu dis gentiment à celui qui te suis "ouais, bon, on va ptêtre passer chacun son tour, hein?"

Deuxième étage, les chambres des patients avec les lits en travers des chambres, plus de matelas, mais de temps en temps une télé qui traîne. Et sur le pas d'une porte, une flaque séchée rougeâtre. C'est de la rouille, c'est de la rouille, c'est de la rouille.

Dernier étage, la salle des machines de l'ascenseur et l'accès au toit. A ce niveau, on a du mal à croire que l'eau est passée si haut. Et pourtant.

2012-11-30 14       2012-11-30 14       2012-11-30 14       2012-11-30 14           rpt1208_1005_1hospital

 

 

27 novembre 2012

Daigaku = université

Plusieurs baraquements, surplombés par une école désertée, devant une piscine verdâtre, sous la neige. C'était le cadre de notre journée à Onagawa. On est venus donner un coup de main à M., de l'association "Habitat for humanity", pour construire ... un local à poubelle en bois et plastique. Forte de mon expérience de montage de meubles Ikea, je me suis dit que j'allais être plutôt douée. Mais quand tu dois couper toi-même le bois, percer les trous et placer les vis dans des endroits stratégiques non-marqués à l'avance, le montage kinder surprise prend un tout autre niveau. En gros, je me suis contentée d'obéir aux instructions de M., ex-menuisier. Bon, le fait est qu'on était quatre sur le coup et que ce n’est pas encore fini. Mais une journée de travail en plus devrait suffire à terminer la chose et empêcher ainsi les ratons laveurs et autres nuisibles notamment félins de festoyer dans les ordures.
Ce qui était génial, notamment, c'est de voir une grande partie des habitants passer et nous remercier toute la journée pour notre travail. Oui, pour un local à poubelles. Les uns nous ont apporté des canettes de café chaud, une dame nous a offert des kakis délicieux et on a même eu un sac chacun avec de la lessive, du papier toilette et du film plastique (je sais, "WTF?"). Toujours, les personnes viennent nous remercier et s'occupent de nous avec des collations ou en nous donnant des choses à emporter à la maison. N'empêche que ça m'étonne et me ravis toujours autant.

 

Soleil et neige à la fois (on voit pas la neige, je sais). 2012-11-27 10 

 

 

2012-11-27 11 L'école élémentaire n°3 d'Onagawa. Les baraquements sont installés dans la cour de l'école. Bien que non endommagée par le tremblement de terre ou le tsunami, l'école a été fermée car la délocalisation de la population en rendait l'accès plutôt compliqué.

 

 

La piscine de l'école, très verdâtre.               2012-11-27 11 

 

 

2012-11-27 12                    Pause déjeuner...

 

 

 

 2012-11-27 17

Et le résultat du local à poubelles à la fin de la journée. Il ne manque plus qu'à fixer l'avant et à construire le toit!

 

24 novembre 2012

Cliché n°3 = les bains publics

Le paradis quand l'hiver arrive et que tu commences à geler même sous une couverture dans le salon, c'est d'aller aux bains publics.
C'est une sorte d'équivalent de sauna ou de hammam dans l'utilisation. En somme, on y va pour se laver et se détendre. On appelle souvent l'endroit onsen, à tort, car les véritables onsen ont des propriétés thermales.
Pour les non-initiés, mieux vaut se faire accompagner car le déroulement est plutôt strict. Non pas qu'on se fasse jeter dehors au premier impair, mais ça évite des bourdes et les regards de travers qui suivent (bien que, en général, être une gaijin (étrangère) te permet souvent de commettre des impairs sans que personne ne s'en étonne vraiment).

Pour le déroulement, quand tu passes les portes des bains publics, tu commences par te déchausser et ranger tes chaussures dans un casier dans lequel tu glisseras une pièce de 100 yens. Tu en confies la clé au comptoir et payes l'entrée. Deux mètres plus loin, deux rideaux opposés marquent l'entrée du vestiaire filles et garçons.

Là, premier piège, tu dois te mettre entièrement nu(e). Ce qui veut dire que si tu t'es dit que ton épilation peut attendre le retour du printemps, tu as tort. Tu seras jugé(e). En plus quand t'es français(e), tu traînes ce vieux préjugé (je ne sais pas d'où ça sort, ce truc, mais passons) comme quoi tu ne te rases pas. Tu as le droit d'emmener une petite serviette avec toi, trop petite pour la mettre autour de la taille par contre.

Elle va te servir dans l'étape suivante, les douches. Mais au Japon, la douche se fait majoritairement assis(e) sur un tabouret de plastique et la pomme de douche est flexible. A la maison aussi. Tu penses à nettoyer ta place et le petit baquet et tu t'installes face à ton miroir. Des savons et shampoings sont à ta disposition si jamais tu as oublié les tiens. Et tu te laves. Ah oui, oublies pas de le faire trois fois, tu dois littéralement te récurer. Et avec la petite serviette que tu as emmené car on ne se lave pas avec les mains. Tu peux laisser tes affaires sur le petit muret en face de toi et après avoir enlevé le savon de ta serviette, l'emmener avec toi.

Tu arrives dans les bains et là, un monde s'offre à toi. Personnellement, je commence par le bain aromatisé. Selon les jours, il est jaune, rouge ou autre et contient des extraits de pamplemousse, aloe vera, etc... avec les bienfaits expliqués sur une pancarte (en japonais). Tous les bains ici sont très chauds (aux alentours de 40°C). Tu peux continuer avec les jacuzzis XXL (une dizaine de places), la salle à vapeur ou bien allez te faire aire un petit massage.

Mon endroit préféré, cependant, c'est l'extérieur. Le décor est très "zen" et la différence de température entre l'eau et l'air est délicieuse. C'est difficile de rester plongée dans l'eau trop longtemps cependant, alors tu peux t'asseoir et utiliser ta serviette imbibée d'eau chaude sur tes épaules. Tu as aussi des nattes pour t'allonger et deux énormes baquets où tu peux t'immerger très confortablement.

Pour sortir, tu repasses un petit coup par les douches et tu peux aller t'habiller. Une salle pleine de miroirs et de sèche-cheveux te permet de te préparer. A l'extérieur, tu récupères la clé de ton casier où sont tes chaussures. Il y a également plusieurs petites enseignes pour manger, te coiffer, boire un verre où t'allonger.

 

Publicité
Publicité
22 novembre 2012

Tanoshikatta desu = c'était amusant!

Cette nuit, j'ai vécu mon premier "vrai" tremblement de terre. Il est 2h50, comme toute personne normale, tu dors, et là ça commence. Les secousses te réveillent et en bonne froussarde de films d'horreurs, tu imagines tout de suite que c'est le fantôme de "The Grudge" qui est en train de secouer ton lit et qu'elle va te bouffer dans deux secondes. Tu paniques, donc. Mais comme tu t'es ensaucissonné dans le sac de couchage de l'armée de ton père, remarquablement chaud mais un peu piégeux, tu ne peux pas vraiment bouger. Tu paniques un peu plus.
C'est le moment où ton cerveau fait tout de même preuve d'un remarquable bon sens en cette heure indue et que la pensée de "Attends, un futon, ça se secoue pas vraiment" te frappe. Ah mince, c'est un tremblement de terre.

Il y en a eu plusieurs depuis que je suis arrivée, mais je n'en avais senti qu'une fois et c'était une seule secousse que j'ai failli confondre avec le vent sur la maison. Là, ça bougeait un peu plus. Et c'était plus long, genre quinze secondes. La procédure à suivre? Tu attends que ça passe. Et tu surveilles du coin de l'œil la lampe accrochée juste au-dessus de ton lit parce que même si elle n’est pas immense, t'as pas non plus envie de la prendre sur la tête.

Il y avait quand même peu de risque, ce n'était pas un gros tremblement de terre. R. m'a dit ce matin qu'il a été enregistré à 4.8 sur l'échelle de Richter, mais à l'épicentre, qui était assez loin dans l'océan. Aucun objet n'a bougé de place, ça m'a juste surpris en plein sommeil, comme à peu près tout le monde dans la maison. En cas de tsunami qui suivrait, des alarmes se déclenchent dans toute la ville pour ordonner d'évacuer et on a un plan pour rejoindre notre point de ralliement. Et devinez qui a guetté les sonneries pendant une heure au lieu de se rendormir?

 

17 novembre 2012

Okashi = sucreries

485078_10151083623576846_1393654308_n

Très belle journée, hier, à Ishinomaki.
Réveil à 2 heures dans notre toute nouvelle maison remise à neuf, et c'est reparti pour les coquillages! On devient très bons, deux heures plus tard tout était terminé et on n'avait plus qu'à rentrer et se recoucher, avant même que la moitié de la maison ne soit levée.

Un peu d'énergie pour l'après-midi, car avec des enfants, c'est nécessaire. A 14 heures, pratiquement tous les bénévoles sautaient dans les voitures, direction le Tsuna Café. Le Tsuna Café, c'est une sorte de lieu communautaire, situé au milieu d'un parc de 400 bungalows où des victimes du tsunami ont été relogées. D'après le gouvernement, ce devait être pour un an, puis deux, c'est maintenant dix. Alors l'espace communautaire permet de réunir ces personnes qui, pour beaucoup, s'isolent dans leur baraquement. Avant d'arriver, on s'est maquillés dans la voiture, histoire de fêter dignement Halloween (avec un peu de retard, certes). Dans le coffre, des tonnes de bonbons, des serre-têtes animaux et de la peinture.

Une dizaine d'enfants accompagnés de leurs parents nous attendaient déjà. On avait à peu près de tous les âges, filles et garçons, assis bien sagement sur les chaises pendant qu'on les maquillait. Je dois dessiner les pandas et les ours assez bien car ils ont été plusieurs à m'en demander. Puis, bien sagement, ils disaient merci et se levaient.

Et là, c'était le drame. R. a eu la bonne idée de se maquiller en Joker et de commencer à jouer avec eux. Une demi-heure plus tard, il était assailli de tous les côtés, en train de recevoir des coups de pieds, de se prendre des ballons à pleine vitesse, de façon assez violente. Il en est sorti un peu abîmé, sans leur en vouloir pour autant. Il m'expliquait que certains d'entre eux ont été choqués par le tsunami et ont besoin d'évacuer le stress de cette façon. Ils se sont calmés au moment de la distribution des bonbons. Par petits groupes, on est allés frapper à chaque bungalow pour que les enfants donnent des bonbons aux résidents. Pour beaucoup, des personnes âgées voire très âgées, ravies de cette interruption de leur quotidien. Et il faut le dire, les enfants japonais sont quand même mignons et gentils. J'ai même pu porter le bébé de l'une des femmes qui nous accompagnaient, histoire qu'elle puisse se reposer, et il est resté sans bouger, à me regarder fixement (Genre : "Hum, attends, y'a un truc bizarre avec sa tête là... Elle a une drôle de tronche, wtf?")

C'était super sympa, un peu glauque quand même, quand on est au milieu de baraquements, surplombés par des spots lights immenses et vétustes qui datent d'avant le tsunami. Je crois que c'était un terrain de sport, avant. Mais sympa.

Notes:
- Pour ceux qui croient que les enfants Japonais se font avoir pour Halloween, je tiens à préciser que le fait de donner des bonbons était là exceptionnel. Halloween n'est pas vraiment fêtée ici.
- Je sais dessiner les ours, eh ouais.
- Je ne sais pas faire un maquillage de Frankenstein par contre, manque de pot, fallait que je le fasse au responsable du Tsuna Café. Et là, t'es paralysée, t'as peur de faire une connerie, de lui faire mal, de dire une connerie, de respirer...
- 25 chevreuils, biches et cerfs sur la route aller jusqu'à Yoriiso Hama. C'est un trajet d'une heure par route de montagnes. "Secret deer partyyyyy!"

 

14 novembre 2012

Shoganai = C'est la vie

Se lever à 3h30 du matin, c'est bien. Se lever à 2 heures le lendemain, c'est mieux. Surtout quand c'est pour enfiler des coquillages. L'une de nos nouvelles missions, à Yoriiso Hama. Les coquillages sont pêchés, les hommes percent de petits trous sur la coquille et on passe des sortes de harpons dedans pour en faire des guirlandes. Non, ce n'est pas pour Noël. Les coquillages retourneront à l'eau pour continuer de grossir jusqu'à être "récoltés". Un job plutôt facile, si on met le réveil de côté. L'occasion également de voir des paysages magnifiques au lever du soleil et de bien rigoler ave C. et Y.
Et pour vos yeux émerveillés, j'ai même fait une vidéo. Avec un Samsung ace. Et un logiciel à moitié préinstallé sur l'ordi. Bref, pas la peine de mettre la vidéo en plein écran, tu n'y verras pas mieux. Mais profite, car demain c'est déménagement, et je ne sais pas quand j'aurais accès à internet à nouveau.

 

12 novembre 2012

Cliché n°2 : le karaoké

Samedi, c'était karaoké night! Quand on a l'habitude des soirées moules-frites de la salle des fêtes du village, avec un karaoké à la va-vite, on peut dire que ça change un peu...

Ici, on va au karaoké comme certains iraient traîner dans les bars. A l'intérieur de cet immense bâtiment, on t'indique l'une des trente salles dans laquelle tu pourras t'installer. On était huit, salle 22, et c'est parti!

A l'intérieur, de bons canapés autour d'une table et une télé énorme. Histoire de bien faire les choses, on commence par commander à boire à la réception à l'aide d'un téléphone installé dans la salle (comment A. a réussi à commander avec le volume de la télé déjà à fond? Mystère...) et sur la table trônent deux annuaires. Les catalogues où tu choisis tes chansons. Je crois que si j'avance le nombre de 100 000 titres, je ne dois pas être tout à fait dans l'erreur. Evidemment j'ai sauté à la rubrique des chansons en anglais. Katy Perry - California Gurls (oh, ça va). A l'aide d'une console, on "commande" la chanson. Un ou deux micro et on est prêt à tout donner!

Ok, je chante mieux dans ma voiture. Mais la règle au karaoké : "Nooo judging!" Ce qui peut aider quand tu vois qu'on s'attaque à des chefs d'œuvre comme ce que vous trouverez en bas de cette page... (A., M., H., C'est pas moi qui l'ait mise, c'est juste que ce trip semble international). Le fait que ce soient des salles insonorisées n'est peut-être pas anodin.

Pour finir la soirée, on est passé acheter un peu d'alcool et on a bu en attendant le bus de K. qui partait ce soir-là. Pour résumer, le karaoké c'est fun, pas cher quand on y va à plusieurs et on dirait qu'il va pleuvoir le reste de la semaine.

 

 

11 novembre 2012

Jishin = tremblement de terre

Week-end de repos au milieu du déménagement de l'une des deux maisons de l'association. Le 15 novembre, on prendra nos quartiers dans un autre bâtiment, à quelques centaines de mètres de là.

La maison étant en effervescence, c'était l'occasion de laisser le champ libre à ceux qui vidaient la cuisine en allant faire un tour en ville et voir un peu plus ce qu'est Ishinomaki.
Vous l'avez peut-être déjà compris, Ishinomaki est une ville principalement tournée vers la pêche, située au bord de l'océan et disposant d'un immense port. Le 11 mars 2011, la ville a donc pris de plein fouet le tsunami atteignant 14m de haut qui suivait le tremblement de terre de force 9. La catastrophe a fait 4000 morts et la moitié de la ville a été détruite. "La" photo du tsunami a été prise ici.

Plus d'un an et demi plus tard, on ne peut pas vraiment dire qu'Ishinomaki s'est tout à fait relevé. Quand on traverse la ville, on croise toute sorte de paysages : des ruines, de grandes étendues avec au centre une seule maison debout, des quartiers entiers de maisons bâchées en cours de réparation, des maisons habitées mais en sale état, des bâtiments neufs, etc... La vie est repartie cependant. Un seul mot : avancer. L'activité du port a repris, certaines entreprises reviennent ou se créent. On n'a pas cette impression de désolation, mais plutôt d'effervescence à repartir et à reconstruire. Les bénévoles ont été et sont toujours nombreux. Les idées pour faire avancer les choses, notamment grâce à internet, fleurissent.

J'ai marché jusqu'au port et longé le fleuve qui rejoint l'océan, là où les dégâts ont été les plus importants. Les entreprises ont repris en pointillé. Des hommes en plein travail dans des chantiers de construction croisent des pêcheurs avec derrière certains bâtiments encore éventrés par la vague. C'est aussi assez choquant de voir certains bureaux, par exemple, totalement figés depuis le 11 mars. Les chaises, dossiers et bureaux jetés pêle-mêle au gré du courant sont maintenant recouverts d'une épaisse couche de poussière supplémentaire et on peut les voir depuis le trottoir. Pareil en ville, les passants peuvent voir l'intérieur de maisons totalement ravagées. Les routes sont aussi de mauvaises qualités et dans certains endroits, je me suis vaguement demandé où j'étais sensée marcher vu que le trottoir avait tout simplement disparu.

L'endroit le plus poignant était l'école primaire Kadowaki. Incendiée après le tremblement de terre et le tsunami. Mais c'est surtout le fait qu'elle soit entourée de tombes qui est bizarre. Les personnes à l'intérieur de Kadowaki ont été évacuées avec succès, mais cela rappelle qu'une autre école n'a pas eu la même chance.

 

 

Histoire d'avoir un peu de comparaison : http://www.metrofrance.com/info/ishinomaki-ville-martyre-du-tsunami/mkcu!4aa7rT5tLKdJs/

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité